Juste Adrien de Lafage

Corpsyphonie propose sur ce site quelques biographies pour rendre hommage à ces musiciens qui ont contribué en leur temps par leurs compositions, leurs écrits ou par leur enseignement à propager l'apprentissage de l'art vocal.

Cette fois-ci, il s'agit du petit-fils du célèbre architecte et archéologue Alexandre Lenoir (1761-1839) :
Juste Adrien de Lafage
(ou J. Adrien Lenoir de Lafage)
(ou
J. Adrien de la Fage)
(1805-1862)

Bibliographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, par F.J..Fétis, deuxième édition, Librairie de Firmin Didot Frères, Fils et Cie, Tome 5, 1867, pages 160-162.




LAFAGE (Juste-Adrien LENOIR DE), né à Paris, le 27 mars 1805, fut enfant de chœur de l'église Saint-Philippe-du-Roule dès l'âge de six ans. Ses parents, qui le destinaient à l'état ecclésiastique, Ie placèrent au séminaire : il y commença ses études; mais, ne se sentant aucune vocation pour entrer dans les ordres, il les interrompit brusquement. On voulut alors le faire entrer dans la carrière des armes; mais son goût décidé pour la musique le fit résister au désir de ses parents, qui, pour le détourner de son penchant, lui firent reprendre ses études littéraires. II s'y livra avec ardeur. A peine furent-elle terminées qu'il commence, sous la direction de Perne , à étudier le plain-chant, l'harmonie et le contrepoint. Ce savant musicien l'engagea ensuite à se livrer à des recherches sur la musique de l'antiquité et du moyen âge. Il lui fit faire la connaissance de Choron, et celui-ci le prit aussitôt pour élève.
Devenu lui-même professeur de solfège et de chant, Lafage se livra avec ardeur à l'enseignement; mais en 1828, ayant obtenu un subside de la caisse de la liste civile pour faire un voyage en Italie, il s'éloigna de Paris. Pendant son séjour au delà des Alpes, il demeura surtout à Rome, ou
l'abbé Baini lui donna d'utiles conseils pour l'étude de l'ancien style fugué. Lafage séjourna aussi plusieurs mois en Toscane, et fit représenter à Florence une farce intitulée I Creditori.
De retour à Paris vers la fin de 1828, il y fut nommé maître de chapelle de
Saint-Étienne-du-Mont, et reprit ses travaux relatifs à l'enseignement.
En 1833 il retourna en Italie; et pendant trois ans il s'y occupa de recherches sur la musique.

Fixé de nouveau à Paris après cette excursion, il s'y est occupé de l'achèvement d'un Manuel de musique, commencé par Choron et laissé imparfait par ce savant. Le premier volume de cet ouvrage fut publié vers le milieu de 1838; les autres ont paru en 1837 et 1838.
On a aussi de cet artiste une Séméiologie musicale, ou Exposé des principes élémentaires de la musique; Paris, 1837.
Plusieurs articles de sa composition, relatifs au même art, ont été publiés dans la Revue musicale, les Tablettes universelles, la Revue encyclopédique, les Lunes parisiennes, le Panorama des nouveautés, le Journal des artistes; la Gazette musicale de Paris, et en dernier lieu, dans la Revue universelle. En 1848 M. de la Fage a fait un troisième voyage en Italie et a séjourné à Rome, à Naples et à Florence, se livrant à de nouvelles recherches concernant l'histoire de la musique. Dans ce voyage il a fourni divers articles à la Gazetta musicale di Milano.

La liste des ouvrages de M. de Lafage se compose de la manière suivante :

I. MUSIQUE INSTRUMENTALE
  • 1° Air varié en trio pour 2 flûtes et violon.
  • 2° Six duos faciles pour 2 flûtes.
  • 3° Air varié pour 2 flûtes et piano.
  • 4° Duo pour flûte et harpe.
  • 5° Fantaisie pour flûte et piano sur des airs de Rossini.
  • 8° Fantaisie sur un air de La Dame blanche, pour flûte et piano.
Ces opuscules ont été publiés avant 1827 chez David, Hentz-Jouve, et Janet, à Paris.

II. MUSIQUE VOCALE
  • 7° Plusieurs romances françaises et italiennes.
  • 8° Choix de solfèges et morceaux divers à plusieurs voix, d'une exécution facile; Paris, 1825.
  • 9° Cantiques religieux et moraux à plusieurs voix; Paris, 1826-1828, 6 livraisons.
  • 10° Cent chansons morales à 2 voix; Paris, 1829.
  • 11° Missa cui titulus: Omnes Sancti; Paris, 1831. Cette messe est pour deux voix de dessus et basse, sans accompagnement.
  • 12° Cinq messes très faciles à deux, trois ou quatre voix, à volonté; Paris, 1832. La dernière messe seulement de ce recueil est de M. de Lafage.
  • 13° Adriani de Lafage motetorum liber primus; Paris, 1882-1835. Cet ouvrage contient soixante-douze morceaux à une, deux, trois, quatre et cinq voix; il a été publié en huit livraisons .
  • 14° Ordinaire de l'Office divin arrangé en harmonie sur le plain-chant; Paris, 1832-1835. Deux parties; la première pour le matin, l'autre pour le soir.
  • 15° Domine, Salvum fac regem, prière pour le roi à une, deux ou trois parties, à l'usage des écoles primaires, suivie d'un O Salutaris ; Charleville, Lhuyer; Paris, Masson, 1836, in-8° obl.
  • 16° Recueil de motets en plain-chant à une ou plusieurs voix, tirés des meilleurs auteurs ( Rose, Lasceux, Imbert, etc.), revus et mis en ordre; Charleville, Lhuyer; Paris, Masson, 1836, in·8° obl.
  • 17° De Profundis à huit voix, dédié à la mémoire de F.·L. Penne; Paris, 1838.
  • 18° Adriani de Lafage motetorum liber secundus; Paris, Nicou, 1837.
  • 19° Psalmi vespertini quaternis vocibuscum organo ; lbid., 1837.

III. ECRITS DIDACTIQUES

  • 20° Manuel complet de musique vocale et instrumentale, ou Encyclopédie musicale, par A.·E. Choron et Adrien de Lafage;première partie, Paris, Roret,1838, 1 vol. in-18; deuxième partie, ibid., 1837, 3 volumes in·18; troisième partie, ibid., 1838, 2 vol. in·18. Cet ouvrage, dont Choron avait fait le plan, n'est, à vrai dire, qu'une compilation; malheureusement ce plan, fait d'après ses idées habituelles sur la fusion des écoles ( V. Choron), est très défectueux, et le choix des ouvrages où il a puisé est fort mal fait.
    Les quatre premiers livres avaient été préparés par lui. Le premier traite de la théorie des éléments de la musique traduits de la Scuola di musica de Gervasoni; le second, de la mélodie, d'après le Manuel de composition de Koch (voir ce nom); le troisième, de l'harmonie et du contrepoint , d'après Marpurg, Fenaroli et Azopardi; enfin, le quatrième, consacré aux contrepoints simples et doubles, est tiré de Fux et de Marpurg.
    Les huit autres livres, rédigés d'après les plans de Choron, par M. de la Fage, traitent des canons et de la fugue, suivant plusieurs maîtres allemands et italiens; des instruments, par Francœur, de l'union mécanique et intellectuelle de la musique et du discours, d'après les idées de Framery et de Chabanon.Le huitième livre, qui a pour objet les styles, est un développement de ce que Choron à écrit sur le sujet dans ses Principes de composition des écoles d'Italie; le neuvième renferme le petit traité d'acoustique qu'il a inséré dans le même ouvrage; le dixième est relatif aux institutions musicales.
    On comprend que dans cet étrange amalgame il ne peut y avoir trace de doctrine ni de véritable méthode. La plus grande partie des matériaux avait déjà été employée dans les Principes de composition des écoles d'Italie. Ce Manuel, qui ne justifie pas son titre, est en somme un mauvais ouvrage.
  • 21° Séméiologie musicale, ou Exposé succinct et raisonné des principes élémentaires de musique, etc.; Paris, Nicon, 1837, in-4°. Cet ouvrage sert d'introduction aux méthodes concertantes de Choron.
  • 22° Principes élémentaires de musique; Paris,1837. Ce petit extrait de la Séméiologie est placé en tête de quelques petites méthodes d'instruments publiées par le libraire Roret.
  • 23° Notice sur la vie et les ouvrages de Stanislas Mattei; Paris, 1839, in-12 de 32 pages, extraite de la Gazette musicale de Paris. Elle a été traduite en italien par l'auteur, sous ce titre : Memorie intorno la vita e Ie opere di Stanislao Matteo, da J. A. de la Fage, Parigino, etc.; Bologne, 1840, in·8°.
  • 24° Notice sur Zingarelli ; Paris, imprimerie de Bourgogne , in-8°.
  • 25° De la Chanson considérée sous le rapport musical; Paris, 1840, in·8°.
  • 26° Éloge de Choron, lu à l'Académie de Caen, dans la séance du 7 février 1836; Paris, imprimerie du Ducessois, 1844, in·8° de 48 pages.
  • 27° Notice sur Bocquillon·Wilhem, écrite en mai 1842; ibid., 1844, in·8°.
  • 28° Histoire générale de la musique et de la danse; Paris 1844, 2 vol. in·8°, et deux livraisons de planches. Ces volumes contiennent seulement la partie de l'histoire qui concerne la musique de l'Orient dans l'antiquité. La suite n'a pas été publiée.
  • 29° Notice sur Joseph Baini, écrivain musical et compositeur; Paris, 1844, in·8° de 20 pages.
  • 30° Miscellanées musicales; Paris, 1844, 1 vol. in-8°. L'auteur reproduit dans ce volume ses notices sur Zingarelli, Mattei et Baini; on y trouve aussi d'autres notices sur Haydn, Martin, Lays, Tritto, Bellini, Pilotti, Pierluigi de Palestrina, etc. -
  • 31° Orgue de l'église royale de Saint-Denis, construit par MM. Cavaillé·Coll père et fils. Rapport fait à la Société libre des beaux-arts; Paris, 1845, in·8° de 100 pages, avec une planche; 2e édition, Paris, 1846, in-8°de 96 pages, avec une planche.
  • 32° Orgue de Saint-Eustache , etc. Lettre adressée à M. Eugène Sue; Paris, 1845, in-8° de 16 pages.
  • 33° De la reproduction des livres de plain-chant romain; Paris, 1853, in·8°.
  • 34° Lettre écrite à l'occasion d'un mémoire pour servir à la restauration du chant romain en France, par l'abbé Céleste Alix; Paris, 1853, in-8°.
  • 35° Cours complet de plain-chant, ou Nouveau traité méthodique et raisonné de chant liturgique de l'Église latine, à l'usage de tous les diocèses; Paris, 1855-1856, 2 vol. in·8°.
  • 36° Quinze visites musicales à l'exposition universelle de 1835; Paris, 1855, in·8°. Ce travail est extrait de la Gazette musicale de Paris.
  • 37° Prise à partie de M. l'abbé Tesson dans la question des nouveaux livres de plain-chant romain; in·8°.
  • 38° Extraits du catalogue critique et raisonné d'une petite bibliothèque musicale; in·8°.
  • 39° Nicolai Capuani, presbiteri, compendium musicale;in·8°.
  • 40° Routine pour accompagner le plain-chant, ou moyen prompt et facile d'harmoniser à première vue le plain-chant pris pour basse,sans avoir étudié l'harmonie ; Paris, in·8°.

Lafage est mort à Charenton, le 8 mars 1862.

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